Faut-il rémunérer le mérite ?

Dernièrement, j’ai lu le résumé d’une étude portée par un professeur d’HEC et London Business School qui montre que « l’effort compte plus que le résultat ». Evidemment, je me suis très vite inscrit en faux : un résultat facilement obtenu n’est pas moins bien qu’un résultat obtenu dans la difficulté. Bref, je me suis montré incrédule. Et je me suis dit que c’était encore une approche de « déconstruction » où l’émotionnel l’emporte sur la raison.

Or, cette fichue étude m’a l’air bien sérieuse… 5000 personnes interrogées, 8 expériences différentes. Partout les mêmes conclusions, aux Etats Unis – où on aurait pu faire porter le chapeau au puritanisme atavique des Américains -, en Corée du Sud – eh oui, apparemment pas de différence dans une culture aussi différente que la nôtre – et en France ! En fait, la morale a pris le dessus sur la raison. Un effort est plus respectable que la réussite facile. Et, apparemment, la morale n’a pas de frontière. Bref, il faut « mériter ».

J’y vois deux problèmes. D’abord, cela supposerait qu’un même résultat n’a pas la même valeur, ce qui n’est pas acceptable. J’avoue même ma plus grande admiration pour tel ou tel consultant pour qui son étude a été menée tambour battant, sans difficultés apparentes. Ensuite, tenir compte de l’effort, ce n’est pas seulement dévaloriser le résultat mais c’est masquer le concept de progrès, d’apprentissage. En effet, s’il y a effort, c’est qu’il y a une véritable implication de l’individu dans son travail, donc une volonté de progresser, de comprendre, d’apprendre ainsi qu’un désir d’être fier de soi et son travail.

Au fond, le concept d’effort est double. C’est à la fois une morale un peu dangereuse en ce qu’elle relativise le résultat et un progrès en ce que l’individu souhaite y arriver. Ne confondons pas les deux. Mais ce qui est sûr, c’est que la souffrance ne justifie rien.

Michel Mondet, Président d'Akeance Consulting

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