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L’espace et le temps. Deux méta-concepts qui occupent grandement la gestion de projet. En effet, les socles d’un projet réussi sont de parvenir à gérer un certain nombre de choses liées, coordonnées et interdépendantes dans le temps imparti et dans un périmètre d’entités donné. Tous ceux qui ont géré un projet ont connu cette difficulté à gérer le temps et l’espace de manière coordonnée et rigoureuse. Les décalages de migration de système d’information ou d’implémentation sont réguliers. Les mêmes décalages de déménagement sont non moins réguliers. Quant à mener toutes les filiales en rang serré pour mettre en place une nouvelle organisation ou un nouvel outil, les difficultés sont similaires. « Le Japon, c’est différent, tu sais, Michel. Et puis c’est loin. On va les sortir du scope » ou encore « Finalement, les petites filiales –tu vois ce que je veux dire Michel -, on les sort ; tant pis. ».
L’ambition, l’exigence, la rigueur doivent très souvent venir au secours d’un « coup de mou » dans la gestion de l’espace et du temps de nos projets. Sous réserve d’enjeux qui doivent nécessairement être significatifs, le traitement d’une entité / d’une activité doit être similaire ou à tout le moins avoir les mêmes égards, dans le cadre d’une organisation donnée ou d’un outil donné.
Malheureusement, l’information de l’actualité ne semble pas partager ce point de vue.
A l’occasion de l’anniversaire du débarquement des Alliés en Normandie, bon nombre de journaux ont rappelé la tragédie d’Oradour-sur-Glane où, comme on sait, une division nazie a enfermé la plupart des villageois (femmes et enfants compris) dans l’église pour ensuite y mettre le feu. Une tragédie sans nom qu’il est bon de rappeler.
Il y a quelques semaines seulement, un commando terroriste est entré dans une église du Burkina Faso. On a assassiné le prêtre à son autel, en pleine messe, tiré sur le tabernacle, identifié cinq jeunes gens pour les abattre froidement. Enfin, on a enfermé la quarantaine de villageois (femmes et enfants compris) dans l’église pour ensuite y mettre le feu. Une tragédie quasiment passée sous silence.
Qu’est-ce à dire ? Que Le Temps l’emporte sur L’Espace ? Que nos tragédies proches valent plus, 75 ans après, que les tragédies actuelles à 4 000 kilomètres ? Que 50 kilomètres plus loin valent moins qu’un an de souvenir ? Quelle tristesse !
Continuons dans notre humble métier de bien gérer les projets que nous confient nos clients. Prenons garde à ne pas choisir entre Ouranos et Chronos. Et, naïvement, rêvons d’un plagia de vieux poème : « et si tous les gars du monde voulaient gérer le même projet… ».