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On imaginait bien que nos moyens modernes de communication allaient nous inonder d’information et de surinformation. Et de plus en plus vite surtout. Tout cela est absolument fantastique. Mais la conséquence était courue d’avance : des informations de plus en plus brèves (short news), « spots » à tel point qu’un grand malin a inventé Twitter dont on pose (même si le ministre allemand des Affaires étrangères le présente à l’envers : le fameux « on ne fait pas de la diplomatie avec 140 caractères ! ») le principe que l’information est contrainte par la quantité de mots quel que soit le sujet. Le Temps semble avoir gagné sur l’Espace.
Ce qu’on n’avait peut-être moins prévu, c’est que cet appauvrissement de l’information unitaire allait mal tourner. De deux manières. D’abord, en laissant un libre cours à une interprétation, une glose immédiate et des commentaires à l’infini parce que précisément… toute pensée ne peut pas se réduire à si peu de mots, autrement dit à une short news ! Tocqueville ou Platon doivent se retourner dans leur tombe, tandis que les journalistes trouvent un véritable second souffle professionnel à ne pas chercher l’information mais seulement à commenter les messages brefs des réseaux sociaux.
Ensuite, ça dérape ! Le message est parfois suffisamment simplifié pour devenir faux. Pire ! L’information peut elle-même être fausse. La chasse aux fake news est ouverte ! Le sujet devient alors de savoir si l’information est vraie ou fausse tout en la commentant.
PowerPoint avait déjà sérieusement déresponsabilisé tout un chacun avec ses verbes à l’infinitif juste après ses sempiternels « bullet points ». Voilà maintenant qu’il faille faire avec des informations plus ou moins vraies mais toujours hyper simplifiées. Nous vivons le choc frontal d’un Paul Valéry et son fameux « ce qui est simple est faux » avec Françoise Hardy et son nom moins fameux « moi vouloir toi » !
Reprenons-nous. Soyons fiers de notre capacité à penser, à penser le compliqué, le complexe, à penser le subtil, le fin, le drôle. Rappelons-nous que les quelques millénaires qui nous séparent de l’invention de l’écriture ne peuvent pas passer par Pertes & Profits. Ce serait une injure à nos aïeux. Et surtout, la beauté de l’Homme passe par sa capacité à penser. Encore faut-il le faire…