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Pourquoi aller au travail tous les matins ?

Bonjour Michel Mondet.

Bonjour Thibault.

Vous êtes président d’Akeance Consulting et on va parler d’un sujet assez sensible, disons-le, aujourd’hui à l’heure où apparaissent les risques psycho-sociaux dans l’entreprise. Je veux parler de la question du sens du travail. Alors, on va commencer cette interview, comme on l’a fait parfois dans vos précédents passages sur Xerfi Canal, par une question très personnelle. Vous qui êtes chef d’entreprise, Michel Mondet, qu’est-ce qui vous fait lever tous les matins pour aller au travail ?

Quelle question, oui. Ecoutez, chef d’entreprise ou pas, si vous voulez, j’ai besoin de voir des gens et de faire des choses avec eux, c’est la principale motivation du matin. Vous savez, on n’est pas là dans le métro ou sur le trottoir en train de se dire qu’on va gagner sa vie. Bien-sûr que c’est un peu trivial et on va aussi gagner sa vie, mais le premier sujet, je vous l’ai déjà dit plein de fois sur ce plateau, je pense qu’on est des mammifères, on a besoin d’être ensemble et de faire des choses ensemble, je ne crois pas beaucoup au loup solitaire. Et en tout cas, je ne suis pas un loup solitaire.

Le travail ne serait donc pas un besoin naturel, au sens où certains psychologues peuvent l’entendre ?

Non, je ne pense pas Thibault. Ce n’est pas un besoin. Si vous voulez, ce qui a créé le travail, c’est beaucoup la mise à disposition de la monnaie. La monnaie est rendue disponible à une période de l’industrialisation, au XIXème siècle pour faire court, parce que, grâce au progrès technologique et autre, on a réussi à faire en sorte que tout le monde ait accès à la monnaie. On sortait de cette période ancienne où vous aviez des catégories comme les aristocrates, qui n’avaient accès pas nécessairement au travail, mais qui avaient accès à faire des choses ensemble, les guerres qu’ils déclaraient, les guerres qu’ils menaient et les guerres qui les ramenaient chez eux si vous voulez. Non, depuis que la monnaie est disponible pour tous, ou à peu près, on a maintenant un monde du travail, qui fait que tout le monde peut espérer effectivement cette grande mise en relation, comme on dit maintenant, entre les produits et services via cette monnaie. En revanche, ce qu’on oublie un petit peu de dire, c’est que le travail, c’est un lieu comme un autre où on peut être fier de soi et avoir envie d’être curieux, avoir envie de se développer, avoir envie de s’épanouir, avoir envie de plaire aux autres, avoir envie de se plaire, si vous voulez. Ce n’est pas un besoin pour moi tout ça, le monde du travail est un tapis de jeu sur lequel on peut exercer nos fiertés. C’est très important si vous voulez. On a besoin de plaire, on a besoin de s’aimer soi-même. Plaire, comme disent les psychologues, c’est 70% l’hystérie de chacun, restent les 20% pour les obsessions et les 10% pour les phobies, mais c’est exactement cela, c’est le tapis de jeu de nos fiertés le travail.

Mais l’entreprise dans tout cela, comment est-ce qu’elle peut faire face à ces problématiques, comment est-ce qu’elle peut répondre à ce besoin de tapis de jeu de nos fiertés ?

On attend un peu trop de choses de l’entreprise, si vous voulez, l’entreprise d’ailleurs ne répond pas très bien, elle est un peu tétanisée face à toutes les demandes, les revendications en tout genre. Moi je suis assez atterré de voir qu’on crée des Happiness Manager, comme si l’entreprise était là pour le bonheur des gens. Non, l’entreprise il faut remettre l’église au milieu du village si vous voulez. L’entreprise est là pour créer un progrès, c’est un progrès technologique, c’est un progrès d’image, c’est un progrès social, c’est un progrès de ce que vous voulez. Ce progrès doit servir la fierté des collaborateurs. Les entreprises, les dirigeants d’entreprise surtout, doivent animer leurs collaborateurs sur la base de cette fierté. On peut être fier d’un progrès technologique, on peut être fier d’une marque, on peut être fier d’une nouveauté, on peut être fier d’une ancienneté d’entreprise, peu importe. Deuxième sujet, c’est que ce progrès crée la richesse de l’entreprise et que cette richesse, il faut la partager. Les salariés, tout collaborateur doit pouvoir participer à cette richesse. Il y a deux rôles à l’entreprise : le progrès et la richesse créée qu’il faut partager des deux côtés avec ses collaborateurs. L’entreprise n’est pas là pour faire le bonheur des gens.

Merci beaucoup Michel Mondet, je suis sûr que beaucoup de gens repenseront à tout cela demain matin. Merci beaucoup.

Merci Thibault.

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