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Bonjour Michel Mondet.
Bonjour Thibault.
Vous êtes président d’Akeance et on va évoquer ensemble aujourd’hui la question des inégalités, un thème qui agite le débat économique. Quel est le point de vue, de vous qui êtes chef d’entreprise sur cette problématique ? Est-ce que ces inégalités sont incontournables, voire même naturelles ?
Oui Thibault, c’est presque pire que cela. Elles sont pour moi indispensables. Un individu qui n’a pas une soif d’inégalités n’est pas normalement constitué, pour faire court. On a tous besoin de fierté, on a tous envie d’être fier de soi et de plaire. Le fier de soi, le plaire, passe naturellement par se prouver à soi-même qu’on est mieux ou plus que soi-même ou que les autres. C’est vrai quand on est dans une situation, on se surpasse soi-même, on fait un footing plus rapidement qu’un autre. Mais on se compare aux autres régulièrement, pour savoir qu’on est plus et mieux. Le problème de l’égalité, de l’égalitarisme ambiant, c’est ce que, évidemment, cela pousse les frontières du besoin d’inégalités dans des zones assez restreintes, mais la pulsion, voire la convulsion est de plus en plus forte sur ce besoin d’inégalités.
Mais qu’entendez-vous exactement par-là, qu’on a besoin de pauvres pour être riche, pour avoir envie de devenir riche ?
Ce n’est pas tout à fait cela, je vois ce que vous voulez dire, cela pourrait être ça mais pas nécessairement. Regardez le culte de la beauté, on a tous envie d’être beau et de plaire. Il y a forcément des individus plus beaux que les autres ou qui pensent être plus beaux que les autres, donc il y a une hiérarchie sur la beauté. Regardez le culte du corps en ce moment, c’est quelque chose qui n’est là que pour exprimer une fierté, une envie de plaire, sur le culte du corps. Vous avez des sujets plus triviaux, regardez les enfants quand ils font leur grimace. Celui qui fait la plus belle grimace du haut de ses trois ans, il a gagné, c’est lui le meilleur, il est mieux, il est plus que ses petits copains.
Il est plus riche que les autres.
Il est plus riche que les autres, exactement. Vous avez un peu l’inverse dans le foot, on prétend que tout cela est très égalitaire parce que tous les gamins de toutes les banlieues peuvent taper dans un ballon, à ceci près que, in fine, la promesse finale du foot, c’est de gagner beaucoup plus d’argent que n’importe où ailleurs et d’avoir un traitement médiatique beaucoup plus important que n’importe où ailleurs.
Et vous pensez que l’approche que nous avons aujourd’hui, nous au sens très très large, de l’égalité et donc de l’inégalité peut finir par être dangereuse ?
Oui, c’est dangereux. Cela peut être dangereux parce que, à un moment donné, l’égalité, voire l’égalitarisme, prend sérieusement le pas sur la diversité. La diversité, cela se compare, cela ne se compare pas forcément en plus et en moins, mais on met trop de manichéisme dans les écarts de diversité. Il y a des diversités et chacune des parties va trouver son plus et son mieux, donc il y aura une inégalité pour chacune des deux parties, sur chacun des sujets. Mais malheureusement, l’égalitarisme, la pensée unique du moment, un des tabous du moment, empêche de dire cela. On repousse dans des zones où le tabou de la pensée unique n’est pas encore arrivé, c’est dans l’entre-soi. Dans l’entre-soi, on a encore la possibilité de se sentir plus et mieux, d’avoir la possibilité d’exercer son inégalité vis-à-vis des autres, dans un monde très homogène, très particulier parce qu’il est homogène, il est restreint, il est entre-soi. Et cela est dangereux.
C’est une inégalité qui disperse la société en fait, qui l’éclate.
Absolument. C’est le risque du corporatisme, c’est le risque du sectarisme. Au prétexte que l’on ne s’intéresse plus au reste du monde, au reste d’une population, c’est clairement abandonner la belle curiosité de la diversité pour un sectarisme, un corporatisme restreint.
Merci Michel Mondet d’être venu exposer ce point de vue sur Xerfi Canal.
Merci à vous.
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