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Evidemment, on ne peut que se féliciter de la richesse d’innovation des jeunes pépites de services industriels. Evidemment, c’est une beauté sociologique de voir toute cette jeunesse croire en elle-même et ses talents. Evidemment, toute histoire industrielle a son propre commencement.
Mais il faut savoir trier le bon grain de l’ivraie. Parmi les start up, peu nombreuses sont celles qui sont un début d’histoire industrielle. La faute à la chance ? Peut-être. Mais le manque d’écoute et d’exigence a souvent raison des premiers milliers d’euros de business angels, plus fascinés par leur jeunesse retrouvée que par la conviction du projet. L’esprit start up n’est pas l’absence de contraintes horaires ou l’acceptation de toute idée saugrenue. Il n’est pas plus le mépris des banquiers prétendus frileux que l’incompétence supposée des acheteurs. L’esprit start up se contente trop de l’émergence de l’entreprise. Il devrait s’étendre au-delà, vers le véritable esprit d’entreprise, c’est-à-dire vers un modus operandi plus consensuel, plus partagé, avec des efforts répartis et des espoirs de gains également répartis et pas seulement au profit du seul fondateur (ou presque).
L’esprit start up n’est pas le rêve d’un succès d’argent rapidement gagné qui autorise tout et n’importe quoi dans le présent. Il doit être l’esprit de construction d’une entreprise dans la durée. Le plan de développement du produit ou du service fait l’objet d’une feuille de route avec des jalons et de vrais engagements, qui génèrent des sanctions s’ils ne sont pas tenus. Le plan de croissance est réaliste. Les objectifs sont construits et partagés unanimement. La gestion financière est sérieusement tenue. Le travail collectif est organisé. Le reporting aux actionnaires est régulier et à l’heure.
L’ambition d’une jeune pousse doit être de devenir une entreprise rentable. La réussite est la rançon de la confiance des actionnaires d’origine et des premiers collaborateurs. Le succès est la capacité à déployer cette réussite dans le temps : embaucher, continuer à être rentable, reconduire les années dans la croissance. Il faudrait peut-être se rappeler que Peugeot, monstre industriel, qui envisage d’intégrer Opel, un autre monstre industriel, a été, elle aussi, un jour d’il y a bien longtemps, une start up.